Clos des Fées
De battre mon s’est arrêté
Rouge

À l’automne 1997, j’ai passé de longues journées à parcourir de long en large les terroirs sauvages de la Vallée de l’Agly. Un jour de plein été, au détour d’un chemin de terre, je me souviens m’être baigné dans l’eau sombre d’une carrière abandonnée, puis d’avoir pénétré dans une vallée perdue, où d’immenses blocs de granit émergeaient d’un sable gris pailleté d’or. Devant moi, au loin, un immense coteau, plein sud, à 600 m d’altitude. En approchant lentement, au centre de la majestueuse parcelle qui semblait grimper jusqu’au ciel, une vigne de Syrah m’éblouit littéralement, tissant entre nous, en un instant, un lien puissant. J’ai alors pensé , moi qui, pourtant, ne suis pas un aficionado,  au serrement de cœur que doit ressentir le Toréro lorsque le Toro entre dans l’arène.

Dix ans plus tard, en souvenir de ce moment unique, de cette émotion toujours vivace, j’ai choisi d’appeler ce vin singulier, long, tendu, embaumant la violette, le poivre des Moluques et la truffe, au fruit subtil et à la fraîcheur intacte, d’un nom inhabituel.

Vin sombre, presque noir, impénétrable. Nez particulièrement typé «Syrah», vif, sur la gelée de groseille, les épices, la réglisse bâton. Bouche concentrée, explosant de fruit frais, énergie incroyable d’un vin «adolescent» déjà enfermé dans sa bouteille pour en préserver l’éclat. Tanins fermes mais soyeux, finale moyenne donnant envie d’en reprendre, étonnamment «graphitée» venant résolument du terroir, variable en intensité selon les années.

On l’aime avec… Une terrine de lapin, de rillons de porc, un foie de veau déglacé au vinaigre balsamique, une daube de bœuf tagliatelles, un civet de sanglier.

Grenache noir 3%, Syrah 97%.